« Autour de la personnalité de Houari Boumediène »

E n t r e t i e n  a v e c  P a u l  B a l t a

« Un homme sobre, attachant et profondément imprégné d’amour pour sa patrie… »

Paris, jeudi 7 décembre 2006. Me rendant au domicileparisien de Paul Balta, je me suis mis à meremémorer le passé et, notamment, cette réceptionofferte en décembre 1973 où je fis sa connaissancepour la première fois. Cette réception organisée àl’Hôtel Intercontinental clôturait la visite officielle enFrance du Ministre algérien des Affaires Etrangèresdans la capitale française. Correspondant, à l’époque,de
la Radio Télévision Algérienne à Paris, je
me suis retrouvé, incidemment, au milieu d’un cerclerestreint constitué, notamment, de Paul Balta etd’Abdelaziz Bouteflika, Si Abdallah, le responsabledu Protocole se tenant à distance. Je pus assister,ainsi, à une discussion faite toute de nuances et desubtilités, portant sur les usages culturels en Egypteplus que sur les phénomènes politiques euxmêmes.Je fus étonné, cependant, que le Ministrealgérien des Affaires Etrangères insista tant sur lafiliation égyptienne du tout nouveau correspondantdu journal Le Monde à Alger. Une grille d’explicationme sera fournie, bien plus tard, par Paul Baltalui-même, lorsqu’il m’apprendra que le PrésidentHouari Boumediène insistera tout autant, sinonplus ,sur ces racines arabes et égyptiennes qui ont,incontestablement, suscité au profit du correspondantdu quotidien Le Monde à Alger un courant desympathie qui ne s’est pas démenti au fil du temps.Inutile de revenir sur les références professionnellesde Paul Balta qui était, en effet, un spécialisteconfirmé du monde arabe et musulman, j’allais diredu « Grand Moyen Orient » expression mise à lamode par les néo-conservateurs américains. Uneappartenance affective au monde arabe et uneconnaissance méthodique de ses réalités multiformes– culture, sociologie, économie, pas exclusivementvie et institutions politiques –, c’est ce doubleprofil qui a permis à Paul Balta de gagner la confiancede Houari Boumediène. Ce n’est pas si peu.Ces considérations expliquent comment s’estporté le choix sur l’ancien correspondant dujournal Le Monde à Alger pour témoigner sur lapersonnalité de l’ancien Chef de l’Etat algérien,étant entendu que le témoignage est appelé surle profil moral et psychologique du leader disparu,pas tant sur son bilan à propos duquel peuventexercer leurs talents politologues chevronnéset autres professeurs émérites d’économie.Comment l’idée de porter témoignage sur la personnalitéde Houari Boumediène a-t-elle germéavant de s’imposer dans cette série d’entretiens ?Depuis quelque temps, le monde arabe subit unepériode de régression marquée par le déclin dunationalisme avec, en corollaire, une soumissionde plus en plus nette aux diktats des puissancesétrangères. Ce sont les échos recueillis auprèsde la jeunesse de mon pays qui m’ont conduit àrevisiter des visages disparus. Ce sont les sentimentsd’effroi et d’indignation de cette jeunesseface à la démission des Chefs d’Etats arabes,chaque fois que le monde arabe est frappé dansses profondeurs – en Irak, au Liban et, de manièrechronique, en Palestine-, qui est à l’origine du choixdu personnage de Houari Boumediène pour cetentretien. Cette jeunesse, contrairement à la générationà laquelle j’appartiens, ne se nourrit pas defantasmes et conserve la tête bien froide, les piedsplongés dans la réalité. Cette jeunesse n’ignorepas que le rapport de forces, en termes matérielset diplomatiques, n’est pas en faveur du mondearabe, entendez par là, les peuples arabes. Maisà défaut de ripostes donquichottesques, il est permisd’espérer, au moins, des réactions de dignité…Suis-je, à ce point, dépassé par l’histoire si monesprit a vogué, ainsi, vers Boumediène, Nasser etle Roi Fayçal ? Qui pouvait imaginer que Nasser,officier d’infanterie anonyme, allait, un jour, nationaliserle Canal de Suez ? Qui pouvait imaginerque Boumediène, fils de paysans démunis, allait,un jour, nationaliser les hydrocarbures de sonpays ? Qui pouvait imaginer que le Roi Fayçal,souverain conservateur d’un royaume aux intérêtsimbriqués à ceux des USA, allait, un jour, brandir,avec succès, la menace de l’embargo pétrolier ?Par delà leurs arts respectifs du commandement,la bonne gouvernance dirions-nous maintenant, jesuis convaincu, personnellement, que c’est « l’éthiquede la conviction », selon la définition qu’en faitMax Weber, qui explique la trajectoire de chacun deces illustres dirigeants arabes. Un fondement moralà l’action politique, voilà ce que la jeunesse espèredes dirigeants arabes actuels. Il n’est pas impossiblepour les peuples arabes de relever la tète, même sileurs dirigeants la baissent. Il faut refuser cette résignationmorose face à un avenir qui est à construire.Les portes de l’espoir ne sont pas fermées…A travers, donc, pour chaque cas, le témoin leplus approprié, un entretien à venir évoquera lapersonnalité de ces trois dirigeants du mondearabe, en commençant par Houari Boumediènepour des considérations de commodité. Soulignons,pour le cas présent, que le témoin choisi,Paul Balta, a tenu à soumettre son témoignage,par mon intermédiaire, à la validation de ceuxdes compagnons de jeunesse ou de maquis deHouari Boumediène qu’il a été possible de contacteret de ses collaborateurs dans les rouages del’Etat ainsi que de certains membres de sa famille.Pour ma part, je prends la liberté de me délier del’obligation de réserve qui me lie vis-à-vis des lecteursdu quotidien Le Soir d’Algérie et, au-delà, del’opinion publique nationale. Dans le cas précis, jerefuse d’être un récolteur passif de témoignages.Je revendique le droit à exprimer mon attachementaffectif à Houari Boumediène, cet homme d’exception.Par Dieu, comment ne pas tirer fierté d’appartenirà un peuple qui a enfanté un tel homme ? 

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